Un art bien incertain : gouverner les migrations forcées en contextes camerounais - Centre Population et Développement (UMR 196)
Thèse Année : 2024

An Uncertain Art: Governing Forced Migration in Cameroonian Contexts

Un art bien incertain : gouverner les migrations forcées en contextes camerounais

Résumé

Over the past decade, the rise in forced migration in Cameroon has provoked an unprecedented increase in international aid interventions led by United Nations agencies, NGOs, and international organisations. These phenomena — linked to the influx of Central African populations into the eastern regions, refugees from Nigeria and internally displaced persons in the north, as well as those fleeing the Anglophone conflict — challenge the political narrative of stability upon which Paul Biya's regime, in power for four decades, has relied. At the crossroads of studies on forced migration, the critical anthropology of international aid, and the socio-anthropology of public action in African contexts, this thesis investigates the constitutive effects of the discourses and practices governing forced migration, focusing on power relations and the production of subjectivities. It also explores the issues and dynamics involved in the governance of these phenomena, particularly the everyday interactions between aid interventions and the individuals who make use of the collective and public services that these interventions help to create. Drawing on two years of ethnographic fieldwork conducted both among aid organisations and the populations targeted by their interventions, this research takes a multi-scalar and multi-sited approach to analyse the negotiations, collaborations, and competitions among various actors at local, regional, national, and international levels. It seeks to demonstrate the dynamic co-production of the norms, practices, and discourses that shape the government and governance of forced migration. A detailed analysis of interactions across these levels reveals their fluid and constantly evolving nature, driven by discrepancies, negotiations, and strategies. As a result, the processes governing forced migration are seen as emerging from convergences and confrontations in which norms, practices, and discourses are shaped in relation to international programmes and strategies, national policies and priorities, and local representations and practices. By focusing on forced migration, this research offers a lens through which to explore the interactions between state and non-state, (inter)national and local actors in the configurations of public action in Cameroon and other African contexts. It also provides insights into how the social sciences understand crises and the recent reconfigurations of international aid.
Depuis près d’une décennie, la multiplication des déplacements forcés de populations au Cameroun s’est accompagnée d’une hausse inédite des interventions d’aide internationale portées par des agences onusiennes, ONG et organisations internationales. Ces phénomènes – liés à l’afflux de populations centrafricaines dans les régions orientales, de personnes réfugiées du Nigéria et déplacées internes dans le septentrion, ou fuyant le conflit anglophone – viennent contredire la rhétorique politique de stabilité sur laquelle le régime de Paul Biya, au pouvoir depuis quatre décennies, s’est construit. Au croisement des études sur les migrations forcées, de l’anthropologie critique de l’aide internationale et de la socio-anthropologie de l’action publique en contextes africains, cette thèse étudie les effets constitutifs des discours et pratiques de gouvernement des migrations forcées en termes de relations de pouvoir et de production de subjectivités. Elle s’intéresse également aux dynamiques et enjeux liés à leur gouvernance, c’est-à-dire aux rapports quotidiens entre interventions d’assistance et personnes usagères des services collectifs et publics que ces dernières contribuent à produire. A partir de deux ans de double ethnographie menée auprès des structures d’assistance et des populations visées par leurs interventions, cette recherche adopte une approche multi-scalaire et multi-située afin d’analyser les négociations, collaborations et concurrences entre divers acteurs et actrices aux niveaux local, régional, national et international. Il s’agit de mettre en lumière la coproduction dynamique des normes, des pratiques et des discours de gouvernement et de gouvernance des migrations forcées. Une analyse fine des interactions entre les échelles fait apparaître leur caractère mouvant et sans cesse recomposé à la faveur des écarts, négociations et stratégies qui peuvent être suscitées. On considère ainsi que les processus visant à gouverner les migrations forcées résultent de convergences et de confrontations dans lesquelles les normes, pratiques et discours se définissent en relation à la fois avec des stratégies et des programmes déployés à l’international, des politiques et des priorités établies à l’échelle nationale, et des représentations et des pratiques à l’œuvre localement. L’entrée par les migrations forcées permet d’interroger les interactions entre acteurs et actrices étatiques et non étatiques, (inter)nationales et locales, dans les configurations de l’action publique au Cameroun et plus largement en contextes africains. Elle apporte également des éclairages sur l’appréhension des crises en sciences sociales et sur les reconfigurations récentes de l’aide internationale.
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Dates et versions

tel-04701184 , version 1 (18-09-2024)

Identifiants

  • HAL Id : tel-04701184 , version 1

Citer

Claire Lefort-Rieu. Un art bien incertain : gouverner les migrations forcées en contextes camerounais. Anthropologie sociale et ethnologie. Université Paris Cité, 2024. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-04701184⟩
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